dimanche 6 décembre 2009

Larme sans sel


O o O O o O O o O O o

C’est un matin calme, sur un champ de bataille. Je me promène au milieu des morts et profite du silence. Tout va bien, le sang couvre la plaine et ses couleurs se marient étroitement avec celles de l’aube.
Je plante doucement dans la poitrine d’un garçon ma lame. Il traîne sa carcasse, sans doute à la recherche d’une aide quelconque, peut-être la mienne qui sait. Je sens l’acier, qui après avoir frotté les côtes perce son cœur, tout va bien. Un râle unique et doux s’envole comme bercé, porté, complice du vent frais qui se hasarde sur ma nuque.
Avec harmonie, l’odeur froide du sang et du fer m’exalte, me détend paradoxalement et quelque chose papillonne mon ventre, comme embrasser une femme bien en vie. Après avoir joué et dansé toute la nuit je médite au repos de la scène, faisant mien la paix que l’on devrait accorder aux morts, mais surtout, je constate que tout va bien.